Le jour où j’ai été convoqué par la directrice

Pas celle du kiki hein.
Parce que ça, en société, ça peut claquer t’as vu.
Genre « ouais mon fils a osé dire à son prof d’histoire coco que l’URSS c’est quand même pas un super modèle à suivre non? » (éventuellement s’en inspirer j’dis pas) (tu le sens mon côté coco là) (non mais je sais c’est « pas bien » mais je trouve ça tellement beau moi l’idée qu’on pourrait tous, tout partager) (On a pourtant bien dit qu’on parlait pas politique sur ce blog apolitique non?! merde chouf tu fais chier!)

Je digresse.

Non non moi je vous parle de la directrice de la crèche.
Shame.

Je le savais déjà qu’elle pouvait finir dans un caniveau mais je n’avais plus rien entendu depuis.
Alors, bêtement, je m’étais dit que ça allait mieux.
Oui, bien sûr, à la maison il lui arrivait de mettre des pains à sa soeur et de mordre son frère.
Mais j’ai minimisé.
J’ai pas voulu voir.
J’ai pas voulu croire.
J’ai pensé que ça allait passer.
Et puis ces derniers temps ça allait beaucoup mieux quand même.

Et ce soir là, certains prénoms ont été modifié (ne serait-ce que pour préserver l’anonymat de la petite Machine), et je vous raccourcis un peu notre échange, mais en substance ça donne quelque chose comme ça:

– c’est dur en ce moment avec Atilla hein, me dit la puer.
Je souris bêtement. C’est vendredi soir, je veux rentrer chez moi.
– Ha bon, c’est vrai qu’elle est un peu virile dans ses relations avec les autres, mais ça va beaucoup mieux non?

– Elle a pris la petite Machine en grippe et s’acharne sur elle
Je souris bêtement mais j’ai un peu envie de pleurer.
– Pourtant ça allait beaucoup mieux non?

– MmeLaDirectrice va prendre contact avec vous
Je souris bêtement, j’ai envie de pleurer, j’ai envie de rentrer chez moi.
– ça allait beaucoup mieux pourtant non?

Le lundi qui suit je suis assise face à MmeLaDirectrice.

Et je me revois, j’ai 15 ans et je suis devant ma CPE qui me convoque pour absentéisme injustifié, je lui raconte que je viens de vivre une période difficile de ma vie.
Je lui ments effrontément: « j’ai eu une semaine de retard de règles et j’ai cru être enceinte, ça m’a chamboulé vous savez, je suis trop jeune, mais ça y est tout est rentré dans l’ordre »
[Tiens c’est peut-être pour ça que j’ai payé ma PMA, après ce vilain mensonge?]

Je suis prête à tout pour abréger l’entretien.
– J’entends bien MmeLaDirectrice, mais nous venons de vivre une période difficile. Atilla a eu un retard de règles ça a du la perturber.
Oui? Effectivement elle n’a que 2 ans et demi mais est très précoce vous savez.

…

Pour être honnête, ça s’est bien passé.
Nous ne sommes pas dans le jugement… juste essayer de comprendre… dépassée par les émotions… Elle décharge en tapant…seule, elle est super…

J’ai fait ma fière, dis que je ne craignais pas leur jugement, que je voulais qu’une chose: que ma fille passe de bonnes journées.
J’en suis repartie avec un rdv avec la psy de la crèche…

Mais au fond, je crains le mien de jugement.
Depuis, tous les soirs, en les couchant, je dis à mes filles que je les aime d’amour, gros comme l’univers.
C’est con, mais je le faisais pas.
Et ça prend moins de temps qu’une histoire!